Une petite tornade brune vint alors déranger sa quiétude, et arrivant en courant elle se poste devant lui les yeux ébahis. « Mais papa, tu voles ! » Il baisse alors les yeux pour contempler sa progéniture, qui venait à peine de fêter ses cinq ans, un sourire radieux sur le visage. « Oui c'est de la magie ! » La fillette ouvre alors grand les yeux, avant de frapper dans ses mains trop heureuse du spectacle que lui offrait son père « Waouh c'est trop bien ! Et dis papa, je pourrais faire ça moi aussi ? » Couvant sa fille d'un regard empli de fierté, le père de Polly retrouve à nouveau la terre ferme et pose le livre qu'il était en train de lire. « Oui un jour je te promets que tu en seras capable. » Il ébouriffe alors la tignasse de sa fille, et la prend dans ses bras pour la faire tourner en l'air, alors que Polly rigole de toutes ses forces.

Il devait être aux alentours de dix heures du soir lorsque le téléphone sonna ce soir là. C'était une chaude nuit d'été, et la jeune Polly venait tout juste de fêter ses treize ans quelques jours auparavant. La jeune fille était tranquillement installée sur son lit, le regard dans le vide pensant à tout ce qu'elle allait bien pouvoir faire de son été : sortir avec ses amies, faire les boutiques avec sa mère ou bien encore pratiquer la magie avec son père. Elle avait bien trop de choses auxquelles penser pour se préoccuper de la sonnerie du téléphone qui retentissait, et des éclats de voix de sa mère. Elle fut seulement alertée par sa mère qui entra dans sa chambre sans frapper, et dont les yeux étaient remplis de larmes, dont certaines avait déjà coulées le long de ses joues. « Ma chérie écoute moi bien. Je sais que ça va être difficile ... Mais ton père a eu un accident de voiture et il ne s'en est pas sorti [...] » A partir de ce moment là, Polly n'écoutait plus, elle avait l'impression que sa vie venait de s'écrouler. Ses oreilles commençaient à bourdonner et des larmes perlaient le long de ses joues sans qu'elle ne puisse les retenir. Son père semblait tellement fort et indestructible que jamais elle n'avait pensé à cette éventualité là. Elle somma alors sa mère de partir, et elle s'apprêtait à passer une des nuits qui serait certainement l'une des plus longues de sa vie.

Cinq années, cinq longues années ont passé depuis la mort du père que Polly avait tant aimé. Il a fallut du temps, beaucoup de temps pour qu'elle se relève d'une telle perte, elle comme sa mère. Mais elles y sont arrivées, toutes les deux ont réussi à surmonter leur chagrin pour devenir plus fortes et plus proches que jamais. Cela n'a jamais été évident pour elles, mais elles ont su faire face à l'adversité et ne jamais baisser les bras. Ce jour là Polly s'était enfermée dans sa chambre, chose qui ne lui ressemblait visiblement plus. Inquiète sa mère monte alors à l'étage, pour vérifier que tout va bien. « Combien de fois, faudra-t-il que je te répète de ne pas utiliser la magie ? », hurle sa mère alors excédée par le comportement de la jeune fille. Polly surprise par l'entrée si brusque de sa mère, retombe sur son lit alors qu'elle était en train de léviter. C'était une habitude qu'elle avait prise. Le souvenir de son père à un mètre au dessus du sol, était un des rares qui était encore intact dans sa mémoire et elle avait l'impression qu'en agissant comme lui elle pourrait le faire vivre à travers elle. Sauf que sa mère ne l'entendait pas de cette manière. Polly pousse alors un soupir, et marmonne quelques paroles qui ressemblent vaguement à des excuses. « Tu ne devais pas sortir ce soir ? », demande alors sa mère comme si rien ne venait de se passer, mais elle ne voulait pas rentrer dans une dispute avec sa fille, la personne qu'elle chérissait le plus au monde. « Si j'ai un rendez vous » « Et comment s'appelle-t-il ? », s'enquit alors sa mère enjouée à l'idée que sa fille ait rencontré un garçon qui lui plaisait. « Salma. » « Mais Salma c'est un prénom de fille. » Polly acquiesça alors d'un signe de tête à la remarque de sa mère. Visiblement elles avaient besoin de parler.

Il est environ trois heures du matin, et la jeune femme de vingt-sept ans prénommée Polly, ne trouve pas le sommeil. Elle vient tout juste d'embrasser sa colocataire. Sa colocataire si parfaite qu'elle a finit par en tomber amoureuse. Sa colocataire si géniale mais si chiante à la fois, qui ne cesse de lui rappeler que la magie est prohibée à Baldwin. Sa colocataire qu'elle aime profondément mais qui préfère sans doute la compagnie des hommes. Alors elle se ronge l'esprit se disant qu'elle aura tout oublié le lendemain, et que ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Un mauvais souvenir tellement délicieux pourtant. Mais un souvenir qu'elle doit effacer de sa mémoire, parce qu'elle sait très bien qu'Oxana ne ressent pas la même chose pour elle. Elle le savait mais la proximité des lèvres de la jeune femme avait été un supplice et elle n'avait pas pu s'en empêcher, ça avait été plus fort qu'elle. Les sentiments qu'elle éprouvait à l'égard de la jeune blonde avaient été plus fort que toute raison, et elle n'avait pu se résoudre à garder sa langue dans sa propre bouche. Elle regrette tellement ce geste, elle ne veut pas réduire à néant l'amitié qui existe entre elle et Oxana. Elle l'aime tellement que ne plus la voir serait un supplice pour elle. Et pourtant malgré tous ses souhaits, Oxana a gardé un souvenir intact de ce qui s'est passé cette nuit là. A l'évidence elles auront à s'expliquer, mais en attendant Polly préfère se ronger en se disant qu'elle ne lui pardonnera très certainement jamais ce qu'elle a fait.