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BALDWIN, 2005 - L'entrechoquement des clefs résonna dans le couloir vide de l'agence de presse quand Salem ferma la porte de son bureau. Il éteignit la lumière et, le bâtiment plongé dans une obscurité quasi-totale, il se dirigera vers l'entrée de l'immeuble, son appareil passé autour du cou et sa veste jetée sur son épaule, en bon citoyen américain quittant son travail avec un peu de retard. Mais il se figea avant d'atteindre le battant, un toussotement léger perturbant ses plans. Il se retourna d'un bloc. Une jeune adolescente, très blonde, au visage enfantin peu commun sortit de l'obscurité. Elle arborait la même attitude que lui, son réflexe se balançant à son cou et sa veste en jean sur son épaule. Ils se dévisagèrent un long moment sans mot dire. Ce fut finalement Salem qui prit la parole en premier. « On est fermés après neuf heures. » La jeune fille se mordilla la lèvre, légèrement intimidée. « Je sais... mais c'est important. » Salem se retint de lever les yeux au ciel. Tous les mêmes. « Alors, un de tes profs projette de braquer une banque ? Ta mère s'est faite assassinée sur le parking du supermarché ? Quels seront les gros titres de demain ? » L'inconnue laissa échapper un petit rire. « Vous manquez vraiment de tact. » Il la gratifia d'un sourire en coin. « C'est pour ça qu'on me paie. » Comme elle ne daignait lui donner aucune explication, Salem secoua la tête et fit demi-tour, désireux de rentrer chez lui. Il lança par dessus son épaule. « Ravi de t'avoir rencontrée, euh... » Il s'arrêta de nouveau, se retourna. La gamine l'avait suivi, affichant un sourire triomphant. « Mall. Mall Wickerlane. » « Salem [Sans nom] » « Oh, je sais, j'ai lu beaucoup de vos articles. D'ailleurs c'est pour ça que je suis là. Plus ou moins. » Elle farfouilla dans son sac et en sortit une épaisse chemise qu'elle tendit à Salem. Il y découvrit des dizaine de photos, dans l'ensemble toutes différentes à part un cimetière qui revenait souvent, et une jolie pierre blanche, et toutes retranscrivez divinement bien l'émotion recherchée. Ces clichés étaient bons. Très bon, songea Salem alors que Mall le dévisageait. « Ils sont de toi ? » Elle hocha la tête. Jamais il n'aurait avoué devant elle le professionnalisme de son travail devant elle, il avait beaucoup trop de fierté pour ça. « Ils sont pas mal. Plutôt réussis. » Il referma la chemise et la lui rendit. Mall sembla hésiter, mais la reprit finalement avant de lâcher « En fait, j'ai besoin d'un job. »

▲ Mall a pendant longtemps été la stagiaire de Salem avant qu'elle ne devienne sa collègue avant d'être embauché en tant que photographe. Si, au début, Salem était plutôt réticent à devoir la prendre sous son aile, lui qui avait toujours préféré la solitude et ne s'était jamais ouvert aux autres, mais Mall a finalement réussit à s'imposer et à voir au delà de ses réflexions cassantes et son ton cynique, et avec le temps, Salem a fini par se rendre à l'évidence : cette gamine qui été venue le voir un soir pour lui demander du travail pourrait bien être considérée comme une amie. Par conséquent, Salem a à pour habitude de la surprotéger, ce qui a tendance à un peu énerver la jeune fille même si elle sait qu'au fond, elle serait perdue dans lui. Quand elle devenue majeure, Mall a quitté le domicile de sa tante mais s'est retrouvée incapable de retourner dans la maison de ses parents. Ses pas l'ont guidée chez Salem et, ce dernier ne manquant pas de place dans l'immense maison appartenant jadis à ses parents, lui a proposé de s'installer. Mall est une des rares à avoir le privilège de savoir que Salem peut être quelqu'un de bien et n'hésite plus à se confier à lui, et réciproquement ; ils ne font même plus attention à leur différence d'âge, même si elle attire les mauvaises langues. De simples collègues ? Surement pas. Une relation père et fille ? Pas vraiment non plus. Des amis proches ? C'est un peu plus compliqué que ça. La seule chose que Salem ignore, et ce n'est pas peu dire, est que Mallorie est une sorcière, mais il a récemment constaté plusieurs évènements étranges en sa présence et ne va plus tarder à lui réclamer des explications.